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masse d’un tel élan, ne franchirent les portes d’acier derrière lesquelles se cachait Marie l’inconnue, Marie la maudite, fantasque et bouleversée comme un tourbillon. Si bien qu’au moment de sa quinzième année, pendant les vacances, elle constata une tache à sa chemise, ne sut que se taire pendant deux jours, puis, la voyant grossir, s’inquiéter, aller trouver tante Jeanne et lui dire : « Tante Jeanne, je me suis écorchée. » On voulut voir l’écorchure, elle rougit et répondit : « Oh ! ça non, c’est trop laid. » Elle était jeune fille.

Mais dans l’ordre où rien n’est perdu, où l’effet bondit en dehors de sa cause, Marie profita singulièrement de ses trois années de couvent. Basile craignait les portes fermées, exagérait la hauteur des murailles et demandait à la vie l’étendue du ciel bleu. Homme de plein air, il enjambait les haies. Il exigea pour sa petite-fille la sortie du dimanche. Félix Donadieu vivait encore, irrégulier, brûlant le dernier sang de sa jeunesse, collé à une chanteuse de café-concert. Il avait une sœur, marquée comme lui et qui, sur le tard, s’était assagie en épousant un employé de compagnie d’assu-