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femme est un poids mort. » J’ai répondu : « Oui, mais un poids mort qui ronge, qui attaque le poids vivant. » Tu le comprendras, si toutefois tu t’es entendue parler. Mais moi, je suis content de ce jour. Veux-tu que je te l’avoue ? Véritablement, je l’attendais, je le marquais, je me disais : Passé cela, je saurai à quoi m’en tenir. Tu comprendras : on raisonne, on s’entoure de principes, on les a à portée de la main comme des papiers. Si tu savais comme la vie vivante s’en amuse, comme tout emporte nous-même. Eh bien, Marie, je suis heureux. Nous avons été en présence. Les premiers jours de la séparation, j’ai comparé ce que j’avais perdu à ce qui me restait encore : alors, j’ai compris que je n’avais rien perdu. Mais je me demandais pourtant : Si tu retrouvais ce que tu as perdu, est-ce que la simple surprise de le retrouver ne te donnerait pas un sentiment nouveau ? Connais-tu les « sentiments nouveaux » ? Les sentiments nouveaux sont forts comme la jeunesse à qui il manque sa place. Je t’avais perdue. Je pensais : Tout ce que l’on retrouve est doré. Est-ce qu’elle ne va pas briller plus que