Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/291

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tre. Je te l’ai dit méchamment, et cela valait mieux. Moi, tu as vu, je ne puis rien. Je ne t’ai pas parlé comme une mère, je t’ai parlé comme une femme. Pendant dix-sept ans, tu m’as manqué. Je ne sais plus être mère, aujourd’hui. Ne dis pas : « Voici la mauvaise mère qui chasse les siens. » Tu n’es plus les miens. Ah ! il faut des bien longs apprentissages pour faire entrer les autres en soi ! Voyons, ne sois pas triste. Je t’ai dit ce qu’il fallait faire. Allons, ma petite fille. Attends. Je vais te payer une belle robe et une robe qui t’ira. Je m’y connais. Jamais tu n’auras été si belle. Viens, lève-toi, nous irons dans de beaux magasins. Et si tu es bien sage, peut-être que je t’achèterai encore autre chose. Non, reste assise. Moi, je vais aller m’habiller. À propos, je n’ai même pas pensé à te demander ton nom.

— Je m’appelle Madame Crouzat.

— C’est un drôle de nom, et tu demeures ?…

— Chez Madame Amélie Couvert, avenue de Saxe, no 191.

— Attends, je vais le mettre en écrit. Tu me préviendras quand tu viendras me voir. Tu