Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de marcher tout droit, entre deux œillères et de peser à chaque pas. Tiens, ton grand-père est un homme heureux. Beaucoup de gens ne le croiraient pas ou diraient : « Peut-être, s’il n’avait pas eu sa fille et sa petite-fille. » Moi, je dis plus. Je dis : C’est à cause de cela qu’il est heureux. La preuve, c’est qu’il nous a condamnées. Ah ! comme il se sent ! Il se sent en entier. Voilà pourquoi je lui en veux. Je lui ai fourni l’occasion de son bonheur et il a fait son bonheur contre moi. Mais toi, tu avais découvert ton bonheur. Tu as connu pendant quelques jours des vérités suffisantes. Tu aurais dû t’enfermer avec elles. Oui, je sais, parfois ça ne va pas. Alors, appuie un peu, fais entrer la vérité tout entière dans la matière vivante. Ah ! je vois très bien ce que tu es venue faire. Tu n’as plus que moi. Je vois, tu bois mes paroles. Tu es venue à la source en pensant : Si la source aussi allait me manquer ! Et il faut que je te manque, mon enfant. Retourne auprès de ton petit Jean. Prends-le. Dis-lui : « Je ne suis pas encore si loin de toi, que je ne puisse revenir en arrière. » Je t’ai dit ce qui t’arriverait si tu restais auprès de l’au-