Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/251

Cette page a été validée par deux contributeurs.

chapeau, d’une attitude, d’un paquet qu’ils portaient à la main, et encore les chapeaux changent-ils et peut-on laisser sa valise à l’hôtel. Il y en eut qui regardaient les numéros des maisons. L’un d’eux, longtemps, resta sur un banc, assez loin pour qu’elle ne le pût reconnaître. Parfois elle se penchait vers la droite, du côté où la ville barrait l’horizon, comme pour rendre inutile l’étendue et toute sa rêverie, et semblant contenir un plus grand trésor ; et, alors, Marie, les deux yeux fixés au débouché d’une place, là-bas, fouillait dans la masse humaine pour y découvrir une sorte d’espérance qu’elle ne quittait plus, de crainte qu’un coup d’œil ailleurs, qu’une seule infidélité ne la fît partir, car les espérances sont jalouses et, dans un monde qui les recherche, ne se donnent qu’au plus attentif. D’autres fois, elle se laissait aller, coulait vers le soleil couchant, aboutissait à la lumière et, légère, scrupuleuse, recevait la vie du soir avec un cœur d’enfant et une mélancolie comme si les mauvaises pensées eussent pu écarter le bonheur. Elle se repentit de beaucoup de choses, à la façon des malades qui se tiennent prêts et qui, aussi,