Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plaindre. Nous nous contions des histoires à cause d’eux : « Tu vois, ce sont deux amoureux. Ils sont toujours d’accord et quand l’un embrasse l’autre, l’autre pense : Il est bien bon d’être embrassé. » En vérité, je ne sais pas de mes maux quel était le meilleur. Ils brillaient au soleil, ils prenaient le bateau et regardaient couler la Seine comme un fleuve sans âme, comme la fuite mécanique des eaux. Ils étaient plus nombreux sur moi qu’ailleurs, nous en étions un peu fiers. Oui, je sais bien que le soir était moins beau. Nous rentrions tous ensemble, j’étais un peu las de les avoir portés. Ils se groupaient partout dans ma chambre, ils se posaient sur mon lit, ils restaient à ma gauche sur la table où j’écris. Je les entends encore : « Nous sommes des malheurs bien lourds. » Il n’est pas un coin qui ne me les rappelle. Et moi, Marie, qu’est-ce que je vais devenir ? Je n’aurais pas pu vivre loin d’eux.

Elle répondait :

— Oh ! je te ferai bien des misères, tu verras. Je suis bien mauvaise, je te pincerai ! Je te ferai des grimaces quand tu me regarderas. Et