Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/20

Cette page a été validée par deux contributeurs.

bande, hommes et femmes, en haussant ses chansons. Les lendemains en étaient parfois singuliers. Il rentrait le soir, vers sept heures, ayant travaillé, filait droit dans la chambre à coucher, dormait et, le matin, alors qu’elle habillait l’enfant, s’approchait d’elle, les dents serrées, et lâchait ces deux mots : Voilà ! Pardon ! Tout le jour il s’asseyait par terre, posait la tête sur les genoux de sa femme, baisait sa robe à grands transports et pleurait. Il lui disait : « Je t’aime ! J’ai travaillé quand j’allais avec les autres, mais pour toi, Adrienne, je veux rester ici tout le jour. » Il risquait sa place, se pâmait, lui chantait des chansons. Il avait une voix grave et parfaite d’homme à passions. C’est la quatrième année du mariage que la physionomie d’Adrienne changea. Elle eut soudain devant le regard un point fixe qui, dans ses yeux, reflétait une étrange lumière. La dernière fois, elle tomba chez son père, accompagnée de sa fille, resta deux jours pendant lesquels elle arrêtait l’enfant dans les coins, la flattait, se taisait, battait des paupières avec un air de vouloir se souvenir de quelque chose. Elle partit en laissant