Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/185

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et je ne le fis jamais, et je me crevais de ma timidité. Je dus quitter mon pays pour entrer à l’École Centrale. Un mois n’avait pas passé qu’un acteur d’une troupe de comédiens ambulants lia conversation avec mon amie, agit avec discernement et la prit sous lui, ardente, vierge et pleine de la rage que donne le premier homme à celle qui l’attendait. Et quand j’appris cela, j’étais seul à Paris, sans femme, et je me tordais dans un sentiment d’avoir raté le bonheur de mes jours. Et toute femme n’est plus celle-là, et tout plaisir que l’on n’a pas goûté est le maître qui règne sans interrompre.

Elle dit :

— C’est comme moi si je n’avais pas pris mon loup.

Il continua :

— Je ne sais pas si j’eusse bien fait en étant l’amant de cette fille, je sais que j’ai mal fait en ne le devenant pas. Moi, je suis né pour apprendre. Il y a en moi le sang des pauvres qui remplissent leurs poches. J’avais vingt ans, j’avais tout ce qu’il faut pour savoir. Ne croyez pas que je regrette un plaisir.