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la fois. Elle se le disait au moment du tête à tête.

Comme Adam et Ève, un jour de Paradis, se couvrirent de feuillages et, cachant leur face entre leurs doigts, perdirent la franchise de leur corps sans voile, Marie Donadieu connut qu’en eux quelque chose avait péché, car elle se détournait de la nudité de l’homme. Elle se fût contentée d’une moitié de sa part. Elle eût voulu au moins sortir avec lui. Qu’il mît son chapeau, qu’il piquât sur sa cravate une épingle à tête rouge et prît sa canne et ses gants clairs, qu’il prît tout cela et qu’au détour d’une rue, alors qu’elle lui donnerait le bras, quelque femme les rencontrât, qui penserait : « Il y a sur celui-ci la distinction d’un bel homme qui sait se tenir et sur celle-là un coin de joie, car elle n’est plus seule au monde. » Pourtant, elle n’osait pas lui en parler. Un jour, elle lui dit deux mots pour qu’il la conduisît au théâtre. Il tourna la difficulté et répondit : « Oui ! Attends quelques jours. Je tâcherai d’avoir des billets. » D’ailleurs, elle n’eût pu sortir le soir, à cause de Raphaël, mais elle provoquait cet homme à tout hasard.