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LETTRE[1] du Comte de ***
au Chevalier de ***.
1746.


Vous partagez mes larmes, mon ami, vous partagerez mes biens. L’amitié nous a rendus freres, l’amitié nous rendra héritiers du pere

  1. Cette Lettre se trouve dans le bon Ouvrage de M. le Marquis Caraccioli, intitulé : Caracteres de l’amitié. Il assure qu’elle n’est pas supposée ; & je le crois : il est encore des cœurs amis de la vertu.

    Un Anglois fort riche, après avoir éprouvé que les plaisirs n’étoient pas le bonheur, & que les trésors ne combloient pas les vuides de notre ame, désespéroit de trouver jamais la félicité. Il passe un jour devant la cabane d’un paysan : les cris qu’il y entend le font entrer : il voit d’un côté un Collecteur avide qui enlevoit des meubles, faute d’argent pour payer les impôts, & de l’autre une famille éplorée, livrée au désespoir. Son cœur s’ouvre à la pitié, & sa bourse aux bienfaits : ses guinées ramènent le calme & la joie dans cette maison ; époux, femme, enfants, tout tombe à ses genoux ; & ce moment si délicieux lui fit entrevoir que le bonheur n’est pas une chimère. Il fit des heureux & il le devint.