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Cunningham, & Bertin nous donnent des Gambits qu’ils font perdre ou gagner en faiſant mal jouer l’adverſaire. Il n’eſt pas douteux qu’ils n’ayent trouvé leur compte dans une méthode ſi facile & ſi peu laborieuſe, mais auſſi, quelle utilité un Amateur peut-il tirer d’une inſtruction ſemblable ? J’ai connu des Joueurs d’échecs qui ſavoient tout le Calabrois & d’autres Autheurs par cœur, & qui, après avoir joué les 4 ou 5 premiers, coups, ne ſavoient plus où donner de la tête, mais j’oſe dire hardiment que celui qui ſaura mettre en uſage les règles que je donne ici ne ſera jamais dans le même cas. Je me ſuis gardé d’imiter ces Autheurs qui ne ſachant comment remplir leurs Feuilles, les ont farcies d’une quantité de jeux rangez (mais plutôt jeux d’enfans, parce que leurs Situations ne ſe rencontreront pas une fois en mille ans) pour montrer des fins de Parties qui n’aboutiſſent à rien : Les Amateurs ſe contenteront j’eſpère de leur avoir donné un Modicum & Bonum, qui eſt utile, inſtructif, & qui peut ſe rencontrer dans toutes les Parties. J’omets même tous les mats excepté celui du Fou & de la Tour, contre une Tour Adverſaire, étant le Mat le plus difficile qu’il y ait ſur l’Échiquier ; Carrera nous dit bien que ce Mat peut ſe forcer, mais, on peut douter, par ſes écrits, qu’il ait ſceu lui même le Coup.