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vous citerai de nouveau un témoignage de ce même auteur qui est l’objet de notre discussion. Immédiatement après les paroles citées par le catéchiste français, se trouve chez Irénée le passage suivant :

« Les bienheureux apôtres, en fondant et établissant l’Église, confièrent (ἐνεχείρισαν) l’épiscopat et la direction de l’Église à Linus, dont Paul fait mention dans l’épître à Timothée. Son successeur fut Anaclet. Après lui, le troisième après les apôtres qui reçoit l’épiscopat est Clément. »

Maintenant je demande à Irénée : Le premier évêque de Rome, Linus, a-t-il été le successeur de l’apôtre Pierre ? — Non, répond-il ; Anaclet a été le successeur de Linus, mais Linus lui-même n’a pas été le successeur de Pierre ; car :

1° Pierre ne laissa point l’épiscopat à Linus après sa mort ; mais Pierre et Paul le lui conférèrent de leur vivant ;

2° Ils lui confièrent l’épiscopat en vertu de leur autorité, et ne le lui laissèrent pas à titre de succession ;

3° Ce n’est pas Pierre qui fut le premier évêque de Rome, mais Linus ; le second fut Anaclet ; le troisième après les apôtres, Clément.

Or, si Linus ne fut pas le successeur de Pierre, mais seulement un évêque ordonné par lui, à plus forte raison les successeurs de Linus ne peuvent être considérés comme les successeurs de Pierre.

Au témoignage d’un Père grec que le catéchiste français nous cite au sujet de l’importance du siége romain, nous pouvons répondre par un témoignage d’un auteur latin. Jérôme dit dans sa lettre à Évagrius :

« En fait d’autorité, l’univers est supérieur à Rome. Quelque part que l’évêque puisse être, à Rome, à