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titulaient pas eux-mêmes œcuméniques, mais seulement ils ne défendaient pas aux autres de les nommer ainsi ; 2° ils n’acceptaient ce titre que comme purement honorifique, de même qu’on donnait aussi à quelques-uns des patriarches orientaux la dénomination de docteur œcuménique, sans y attacher l’idée de l’autorité universelle ; 3° ce même titre honorifique, ils le donnaient aussi aux évêques de Rome. — Mais depuis l’an 606 ce titre antichrétien, comme le dit le pape Grégoire, s’est assis si fermement, avec le pape Boniface III, sur le siége pontifical, que les papes postérieurs cherchèrent de toutes les manières, — autant que les circonstances le permettaient, — d’abord de s’approprier ce titre à eux seuls, et puis d’y attacher l’autorité universelle.

L’occasion qui éleva si haut le pape Boniface fut celle-ci : L’empereur Phocas, qui monta sur le trône de Byzance par l’assassinat de l’empereur Maurice, voulait se débarrasser de la même manière de sa veuve et de ses trois filles. D’après l’ancien usage, elles cherchèrent leur salut en se réfugiant dans une église. L’empereur voulait les arracher de cet asile, mais le patriarche Cyriaque s’y opposa. « Par suite de cette circonstance, dit un auteur occidental[1], l’empereur Phocas conçut un esprit hostile contre Cyriaque et commença à favoriser l’Église de Rome. Boniface, ayant appris cela, profita de la haine de l’empereur contre Cyriaque. » — « Boniface, dit un autre auteur occidental[2], qui demeura à Constantinople jusqu’à la mort même de Grégoire, entra dans les bonnes grâces

  1. Binius in nota ad vitam Bonifacii III.
  2. Baronius ad annum 606.