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Ici il faut examiner avant tout cette thèse : Photius a jeté les premières semences de la division.

S. — Elle me paraît claire et juste.

C. — Pour moi elle n’est pas tout à fait juste.

S. — Mais quelle est donc votre opinion là-dessus ?

C. — Puisque vous pouvez croire qu’une antipathie quelconque me pousse à m’opposer à toute opinion venant des auteurs occidentaux, je vous exposerai ici, au lieu de la mienne, celle d’un auteur français.

Dans le Dictionnaire raisonné du gouvernement, des lois, des usages et de la discipline de l’Église[1], au mot Constantinople, vous pouvez lire l’allégation suivante :

« Il paraît que le titre de patriarche œcuménique qu’ont pris les évêques de Constantinople est le vrai commencement du schisme grec, qui a éclaté au neuvième siècle, sous le patriarche Photius. »

Il est vrai, la première semence de la division était le titre d’œcuménique, que, depuis le quatrième concile général, les empereurs, les conciles et le clergé ont commencé à ajouter aux noms des évêques de Rome et de Constantinople. Le concile de Constantinople, tenu l’an 536 et dans les actes duquel le titre de patriarche œcuménique se rencontre bon nombre de fois, fut reconnu et approuvé de l’Église romaine. Mais lorsque plus tard le même titre fut donné au patriarche de Constantinople Jean, dit le Jeûneur (Jejunator), le pape de Rome Grégoire le Grand s’éleva fortement contre ce titre en le traitant d’antichrétien[2]. Du reste, les patriarches de Constantinople, 1° jusqu’au huitième siècle ne s’in-

  1. Par Antoine-Étienne-Nicolas Des Odoard Fantin, vicaire général d’Embrun.
  2. L. iv, ép. 32, 34 ; l. vi, ép. 4, 24, 30, 36, 38.