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contempler d’une manière claire et distincte ; je le sais, tu ne le peux pas. Je dis la vérité ; je dis à moi-même : je sais ce qui est au-dessus de ma portée. Cependant la lumière divine te fait voir en toi-même trois choses dans lesquelles tu peux reconnaître l’image de la très-sainte Trinité, de cette Trinité que tu ne peux encore contempler avec des yeux fixes. Elle te montre qu’une vraie parole naît en toi de ta science (scientia tua), dès que celle-ci s’y trouve ; c’est-à-dire que nous disons en nous-mêmes ce que nous savons, quoique nous ne proférions et n’ayons dans la pensée aucun son qui ait une signification dans la langue de quelque peuple que ce soit ; mais notre pensée (cogitatio) se forme de ce que nous savons, et elle est, dans l’esprit de celui qui pense, l’image la plus fidèle de la connaissance (cognitio) qui se trouvait dans la mémoire ; et ces deux choses, qui sont comme un père et son fils (parens ac proles), sont unies l’une à l’autre par une troisième chose, par la volonté ou l’amour (dilectio), quoique cette volonté procède aussi de la connaissance (cognitio), car personne ne veut ce qu’il ne connaît pas du tout et dont il ne sait rien ; mais la volonté n’est point l’image de la connaissance (cognitio). Ainsi ces facultés de l’âme, faciles à comprendre, nous font entrevoir qu’il y a quelque différence (distantia) entre la naissance et la procession ; parce que contempler par la pensée n’est pas la même chose que désirer ou aimer (perfrui) par la volonté, comme chacun peut le voir et le distinguer lui-même. »

Voilà les paroles mêmes du bienheureux Augustin. Tirons-en les idées principales qui se correspondent réciproquement, et mettons-les l’une vis-à-vis l’autre.

Le savoir ou la connaissance, c’est le Père.