Page:Philarète Drozdov - Entretiens d'un sceptique et d'un croyant sur l'orthodoxie de l'Eglise orientale.djvu/31

Cette page n’a pas encore été corrigée

de son hypostase, — voilà une explication. Mais lorsque je dis : le Saint-Esprit procède du Père, savoir du Père et du Fils, est-ce là une explication ? N’est-ce pas là plutôt l’addition d’une idée toute nouvelle qui ne se trouve point dans les paroles de Jésus-Christ ? Or qui osera faire des additions aux paroles du Seigneur, surtout lorsqu’il est question d’un sujet aussi incompréhensible que l’origine et les rapport réciproques des personnes de la sainte Trinité dans le sanctuaire le plus intime de la nature divine ?

S. — Je conviens que dans une confession de foi on ne doit pas faire à la parole de Dieu des additions fondées sur des conjectures, et surtout des additions tout arbitraires. Mais quant aux paroles de Jésus-Christ dont il s’agit maintenant, ne doit-on pas, pour les bien comprendre, y ajouter quelque chose tiré d’autres paroles du Seigneur lui-même ?

C. — Qu’est-ce que vous entendez par là ?

S. — Lorsque Jésus-Christ dit du Saint-Esprit : « Je l’enverrai, » cela ne signifie-t-il pas que le Saint-Esprit procède aussi du Fils ?

C. — Quant au sens de ces paroles de Jésus-Christ : « Je l’enverrai, » vous pouvez le demander à Jésus-Christ lui-même. « Je prierai mon Père, dit-il dans le même discours à ses apôtres, et il vous donnera un autre consolateur[1]. » Vous voyez que l’expression : « Je l’enverrai de la part de mon Père, » signifie : « Je prierai mon Père de le donner. » Ainsi Jésus-Christ rapporte à lui, pour parler le langage des théologiens, non la procession éternelle du Saint-Esprit, ou l’éternelle origine de son hypostase, mais son envoi

  1. Jean, xiv, 16.