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primauté sur les Églises circonvoisines moins importantes et devinrent leurs centres et leurs refuges. Telles étaient l’Église d’Antioche, dont les évêques descendaient de Paul et de Pierre ; celle d’Alexandrie, dont les évêques procédaient de l’évangéliste Marc, et celle de Rome, dont les évêques tiraient leur épiscopat de Pierre et Paul. Dans l’intérêt de l’ordre, il était nécessaire que, même parmi les évêques de ces trois plus illustres, l’un eût la primauté ; aussi, d’après un canon œcuménique déjà cité, « les Pères ont agi d’une manière convenable lorsqu’ils ont accordé la primauté à l’évêque de la ville de Rome, comme la ville capitale de l’empire (la ville régnante). » Remarquez bien l’expression : les Pères ont accordé la primauté ; par conséquent ce ne sont ni les apôtres ni Jésus-Christ qui l’ont accordée.

Non, l’Église de Jésus-Christ n’est en aucun sens le corps de l’évêque de Rome ; et, par conséquent, l’évêque de Rome n’est non plus en aucune manière la tête ou le chef de l’Église !

Même les apôtres et les prophètes ne sont que les ministres ou plutôt les serviteurs (διάϰονοι) de l’Église. Personne, excepté Jésus-Christ, ne s’appelle, dans l’Écriture sainte, son chef[1]. C’est lui qui a donné les uns pour être apôtres, les autres pour être prophètes, les autres pour être évangélistes, et les autres pour être pasteurs et docteurs ; pour travailler à la perfection des saints, pour l’œuvre du ministère (εἰς ἔργον διαϰονίας), pour l’édification du corps du Christ ; jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l’état

  1. Éphés., v, 23.