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tu ? » Eh bien ! est-ce un triomphe de Pierre qui se montré ici, ou bien une humiliation ?…

S. — Je vous ai dit encore que le commandement donné à saint Pierre a quelque chose de particulièrement significatif. On prétend que paître les agneaux signifie : guider le peuple chrétien ; et paître les brebis : gouverner les pasteurs eux-mêmes.

C. — Cette interprétation donne elle-même la mesure de sa valeur.

S. — Comment ?

C. — Paître les brebis, dites-vous, signifie gouverner les pasteurs eux-mêmes. Donc les brebis sont les pasteurs ?

S. — Oui, Pierre est un pasteur devant lequel les pasteurs mêmes sont comme des brebis.

C. — Si vous entendez la perfection intérieure, il y a aussi des brebis qui peuvent être pasteurs de leurs pasteurs ; mais si vous parlez de l’autorité extérieure, le pasteur reste pasteur, la brebis, brebis ; aussi n’est-il pas dit à Pierre : Pais les pasteurs comme des brebis.

S. — Je vous ai déjà dit que sous le nom même de brebis on entend les pasteurs.

C. — Je vous ferai voir encore d’une autre manière l’étrangeté et la fausseté de cette interprétation. Dites-moi : le troupeau ne comprend-il pas les brebis tout aussi bien que les agneaux ?

S. — Mais sans doute.

C. — N’est-ce donc pas la même chose de dire : Pais les brebis et les agneaux, que de dire : Pais le troupeau ?

S. — Certainement.

C. — Par conséquent, paître le troupeau du Christ, c’est paître les pasteurs et le peuple ?