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solennité d’après ma propre opinion, mais je dirai ce qu’en pensaient les anciens docteurs de l’Église, Augustin, Ambroise, Chrysostome, Épiphane, Cyrille. Pour ne pas vous citer les paroles de tous, voici celles du dernier : « Par la confession de Pierre qu’il a répétée trois fois, c’est-à-dire par celle-ci : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime », est réparé le péché du reniement commis trois fois (Matth., xxvi, 69-75). « Pais mes brebis, » lui dit Jésus-Christ, en le rétablissant dans l’apostolat, pour que cette dignité ne parût pas violée par son reniement, suite de la faiblesse humaine. »

Guidés par cette explication des docteurs de l’Église, lisons les paroles de l’Évangile même. « Jésus dit à Simon Pierre : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu plus que ne font ceux-ci ? » c’est-à-dire : Toi qui as dit autrefois, en vantant ta fermeté : « Quand même tous les autres se scandaliseraient en toi, je ne serais jamais scandalisé » (Matth., xxvi, 33), dis-moi à présent, m’aimes-tu effectivement plus que ne font tous les autres apôtres ? » Instruit par une triste expérience, Pierre n’ose plus dire qu’il aime Jésus-Christ plus que ne font tous les autres, mais il dit seulement qu’il l’aime : « Oui, Seigneur, tu sais que je t’aime. » Jésus-Christ, approuvant cette humble réponse, lui demande une seconde fois, non plus s’il a pour lui un amour plus grand que les autres apôtres, comme Pierre s’en vantait autrefois, mais simplement s’il l’aime : « Simon, fils de Jean, m’aimes-tu ? » Même réponse faite avec la même humilité. Mais quand Pierre fut questionné pour la troisième fois, le reniement du Christ qu’il avait commisse présenta à son esprit, et voilà pourquoi la question sur son amour l’affligea cette fois : « Pierre fut attristé de ce qu’il lui avait dit ponr la troisième fois : « M’aimes-