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avec moi.» Chemin faisant, le Loup voit le cou du Chien pelé par l'effet de la chaîne. « Qu’est cela, ami ? — Rien. — Dis-le-moi, je te prie. — Comme on me trouve vif, on m’attache pendant le jour pour que je dorme quand luit le soleil, et que je puisse veiller dès que vient la nuit ; le soir, on m’ôte ma chaîne, et je cours où je veux. On m’apporte du pain, mon maître me donne des os de sa table, les valets me jettent quelques bons morceaux, et me laissent leur soupe dont ils ne se soucient guère. Ainsi, sans travailler, je me remplis le ventre. — Mais, dis-moi, si tu veux sortir, le peux-tu ? — Pas tout à fait. — Jouis donc, mon ami, des douceurs que tu me vantes ; quant à moi, je ne changerais pas ma liberté contre une couronne.»

FABLE VIII

LE FRÈRE ET LA SŒUR

Averti par cet exemple, examinez-vous souvent.

Un homme avait une fille des plus laides, et un fils d’une figure remarquable. Ces enfants, jouant un jour ensemble, aperçurent

Lupus a catena collum detritum cani.

Unde hoc, amice ? Nihil est. Die, quxso, tamen.

Quia videor acer, alligant me interdiu,

Luce ut quieseam, et vigilem nox quum venerit :

Crépuscule solutus, qua visum est, vagor.

Âffertur ultro panis ; de inensa sua

Dat ossa dominus ; frusta jactat familia.

Et quod fastidit quisque, pulmentarium.

Sic sine labore venter impletur meus.

Age, si quo abire est animus, est licentia ?

Non plane est, inquit. Fruere, qua» laudas, Canis ;

Regnare nolo, liber ut non sim mihi.

FABULA VIII

FR ATER ET SOROR

Praecepto monitus, sœpe te considéra.

Habebat quidam filiam turpissimam, Idemque insigncm pulchra facie filiurr.