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LIVRE I. 13


FABLE XII
LE CERF PRÈS D’UNE FONTAINE

Ce qu’on méprise est souvent plus utile que ce que l’on vante ; cette fable le fait voir.

Un cerf buvait à une fontaine : il s’arrête, et voit son image dans le miroir des eaux. Là, tandis qu’il admire la beauté de sa haute ramure, et déplore l’exiguïté de ses jambes, épouvanté tout à coup par les cris des chasseurs, il fuit à travers les champs, et par sa course rapide met les chiens en défaut. Alors il se jette à travers la forêt ; mais, arrêté par ses cornes qui s’embarrassent dans le taillis, il est déchiré par la dent cruelle des chiens. On dit qu’en expirant il prononça ces mots : « Malheureux que je suis ! je comprends maintenant l’utilité de ce que je méprisais, et combien ce que j’admirais m’a été funeste. »