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avait échappé par la supériorité de sa course à la poursuite d’un Loup. Tout d’abord il avait fui directement vers les habitations, où il s’arrêta au milieu d’un troupeau de moutons. L’infatigable ravisseur, qui l’avait suivi à travers la ville, tâche de l’attirer par ses perfides discours. Ne vois-tu pas dans tous les temples, lui dit-il, d’innocentes victimes, indignement sacrifiées, rougir la terre de leur sang ? Si tu ne prends le parti de retourner aux champs, où tu trouveras la sûreté, je crains bien, hélas ! que, toi aussi, la tête ornée de bandelettes, tu ne tombes devant l’autel. — Quitte ce souci, je te prie, reprend le Chevreau, et emporte avec toi, méchant, tes ignobles menaces ; car mieux vaudra pour moi répandre mon sang en l’honneur des dieux, que d’assouvir l’appétit d’un Loup affamé.

Ainsi convient-il, quand on est pris entre deux dangers, de choisir la mort la plus honorable.