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Le chien et le lion

Un Chien des mieux nourris rencontra, dit-on, un Lion des plus maigres, et s’entretint avec lui d’un ton enjoué. Ne voyez-vous pas, lui dit-il, mon large dos s’arrondir jusque sur mes flancs rebondis, et quels muscles rehaussent ma noble poitrine ? Après les convives, je suis le premier que l’homme appelle à sa table, n’interrompant mon repos que pour me rassasier largement, et je ne suis nullement gêné de cet épais collier de fer qu’on me met au cou pour que je ne puisse laisser la maison sans gardien. Pour vous, mourant de faim, vous attendez longtemps dans vos vastes forêts qu’une proie tombe en vos domaines. Venez donc, comme moi, offrir votre cou à la chaîne, et vous trouverez facilement de bons repas ! Aussitôt le Lion, qui sentait s’accroître son courroux, reprend sa noble fierté, et poussant un sourd rugissement : Retire-toi, lui dit-il ; va tendre ton cou au nœud qui lui sied si bien, et porte ces dures entraves pour apaiser ta faim. Pour moi, qui suis libre dans mon antre dépourvu de tout, si je suis à jeun, du moins puis-je arpenter à