Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/231

Cette page n’a pas encore été corrigée



Le fermier et le maitre

Un fermier avait laissé aller, après lui avoir coupé une oreille, un sanglier qui avait dévasté ses moissons et ruiné ses riches cultures, comptant que l’animal, portant toujours la marque du châtiment, épargnerait désormais ses nouvelles semailles. Pris une seconde fois dans un champ où il commençait ses dégâts, le sanglier paya sa perfidie de sa seconde oreille. Il revint pourtant, avec sa tête déformée, saccager une récolte assurée ; mais son double châtiment le rend indigne de pardon. Le Fermier le prend, le coupe par morceaux, qu’on accommode de diverses façons, pour la table somptueuse du Maître. Le sanglier mangé, le Maître veut en avoir le cœur ; mais il avait été, lui dit-on, dérobé par l’avide cuisinier. Le Fermier calma son juste courroux par cet à-propos : Ce sanglier insensé, dit-il, n’avait point de cœur, car serait-il ainsi follement venu risquer ses membres et se faire prendre tant de fois par un même ennemi ?