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maîtrisé la fougue de l’animal furieux ; puis, prudemment, il l’attelle à une énorme charrue (car ses pieds n’étaient pas moins redoutables que ses cornes), afin que la longueur du timon le préservât des coups et empêchât l’animal de l’atteindre par ses ruades. Mais le Taureau, secouant le joug avec fureur, et, battant indignement la terre, fait voler brusquement la poussière que ses pieds détachent du sol, et la lance au visage de son maître qui le suit. Alors le Laboureur, encore trompé dans son espoir, secoue la terre qui souille ses cheveux, et dit en soupirant : J’ignorais aussi, méchante bête, que tu pusses faire le mal même avec réflexion.


Le satyre et le voyage

Par un jour de frimas où les champs endurcis étaient recouverts d’une couche épaisse de glace, un Voyageur s’arrêta au milieu de neiges amoncelées qui, dérobant la route, l’empêchaient d’aller plus avant. Un Satyre, gardien des forêts, eut, dit-on, pitié de lui et le reçut dans