Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/227

Cette page n’a pas encore été corrigée


Il ne faut rien convoiter avec trop d’ardeur ; en désirant plus qu’on n’a, on perd même ce que l’on possède.


Le lion et la chèvre

Un Lion qui cheminait, pressé par la faim, vit une Chèvre paissant sur le sommet d’un rocher. Quitte ces hauteurs rocailleuses et escarpées, lui dit-il tout d’abord, et ne cherche pas ta nourriture sur ces monts incultes ; descends plutôt au milieu des vertes prairies, où sont la fleur safranée du cytise, les saules aux feuilles glauques et le thym savoureux. — Cesse, je te prie, reprit la Chèvre tremblante, de troubler ma tranquillité par tes doucereux mensonges. Tes avis sont bons ; pourtant ôte-moi la crainte d’un danger plus réel ; ta présence donne peu de poids à tes paroles : car tes propos, quoique sages et bien fondés, viennent d’un conseiller trop connu par sa férocité.

Ne prêtez pas légèrement l’oreille aux discours flatteurs ; mais d’une bouche amie, méditez tous les avis.