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qui, pour jouir des revers d’autrui, va jusqu’à désirer aveuglément sa propre perte.


Le statuaire

Un Artiste avait exécuté en marbre une fort belle statue de Bacchus, et l’exposait pour la vendre. Un grand voulait l’acheter pour la placer dans un tombeau, lugubre demeure d’un mort ; un autre, pour en faire hommage à un temple rempli d’adorateurs, et s’acquitter d’un vœu envers le lieu saint. Maintenant, dit le dieu, tu rends bien difficile à prévoir le sort de ta marchandise ; car le prix que tu en espères variera suivant sa destination. Que tu veuilles me placer parmi les morts ou les divinités ; que j’orne, à ton choix, une tombe ou un temple, le respect que tu dois au grand Bacchus est subordonné à ton avarice, et la même main qui peut l’encenser marchande ses funérailles. Ceci s’adresse à ceux qui ont la puissance de faire du bien ou du mal à qui il leur plaît.