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nous ne connaissons ni la position ni les emplois d’Avianus, qui, peut-être, n’était pas d’un rang inférieur à Macrobe ; et l’eût-il même été, il est évident que, dans cette circonstance, il ne considère dans Macrobe que le savant et l’ami, abstraction faite de toute dignité. Dans sa Préface, en effet, il marque assez clairement qu’il n’a pas d’autre intention, en lui offrant son livre, que de faire un agréable cadeau au savant littérateur ; et le jugement qu’il porte de ce Théodose convient parfaitement à Macrobe le grammairien : « Qui s’aviserait, dit-il, de s’entretenir de prose ou de poésie avec vous qui, dans les deux genres, l’emportez à la fois sur les Grecs et sur les Romains, par la connaissance approfondie de leurs langues et de leurs ouvrages ? n Ausone, d’ailleurs, n’en use point autrement, quand il écrit à Probus, préfet du prétoire, sur quelque sujet littéraire ; comme s’il avait complétement oublié la haute dignité de son correspondant, il l’interpelle avec le même ton de familiarité : Probe, vir optime.

Au reste, en songeant que l’auteur de ces fables a été l’ami de Macrobe, une idée se présente tout naturellement : c’est que peut-être, son véritable nom était Flavianus, car c’est aussi celui d’un des interlocuteurs des Saturnales de Macrobe. Ce nom, qui se sera trouvé dans les anciens manuscrits, ne peut-il avoir été mal à propos coupé en deux par les copistes, de manière à former de Flavianus le double nom Fl. (Flavius) Avianus ?

« Dans le quatorzième siècle, dit M. Walckener, et entre les années 1333 et 1347, un anonyme traduisit en vers français dix-huit fables d’Avianus, et un plus, grand nombre de l’anonyme latin dont Gau-tredus fut l’éditeur. Cette version, qui porte le titre d’Ysopet Avionnet, est, comme les fables de Marie, à rimes plates et en vers de huit syllabes… Après l’invention de l’imprimerie, le Frère Julien Macho ou Machaut, des Augustins.de Lyon, traduisit en prose et en langue vulgaire (en 1484) le recueil qui contenait l’anonyme latin donné par Gaufredus, les fables d’Aviennet et celles de Pierre Alphonse. »

Malgré nos recherches dans les bibliothèques de Paris pour nous procurer la traduction de Frère Julien, qui est aussi citée dans la Biographie de Delandine, nous n’avons pas été assez heureux pour trouver ce volume, qui est, dit-on, de format in-folio. Cette traduction probablement ne nous eût pas été d’un grand secours, mais nous eussions été heureux de pouvoir donner ici son titre exact, ne fût-ce qu’à titre de curiosité bibliographique.

J. CHENU.