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PRÉFACE.

les seconds, Babrius[1] et Phèdre. On le voit, il ne s’agit pas ici d’une liste exacte et chronologique des anciens auteurs qui ont écrit des fables à l'imitation de celles d’Ésope : cette nomenclature eût été plus complète et présentée d’une tout autre manière, si Avianus eût réellement voulu la faire. Il ne considère point Socrate et Horace comme des fabulistes proprement dits, mais comme des philosophes qui se sont servis de ces apologues parce qu’ils leur ont paru propres à mieux faire comprendre leurs sages leçons. Il a soin de distinguer des philosophes et de citer à part Babrius et Phèdre, qui ne se sont point bornés à reproduire dans leurs écrits quelques-unes de ces fables, mais qui en ont traduit un assez grand nombre en vers ïambiques, et en ont formé des recueils spéciaux ; et il ne cite à titre de fabulistes que ces deux auteurs qui ont écrit en vers, parce qu’il veut s’autoriser de leur exemple pour faire mieux accueillir ses imitations en vers élégiaques. Des lors, il est facile de se rendre compte du motif pour lequel il n’a pas jugé à propos d’accoler le nom de Titianus à ceux de Babrius et de Phèdre.

Passons maintenant au second point.

Ausone, dans l’Épitre à Probus citée plus haut, atteste que Titianus a traduit en latin et en prose les fables d’Ésope qu’un ancien poëte grec avait déjà reproduites en vers. Donnons ici le passage de cette épître :

Apologos, en, misit
Ab usque Rheni limite
Ausonius, nomen italum,
Præceptor Augusti tui,
Æsopiam trimetriam ;
Quam vertit exili stylo,
Pedestre concinnans opus,
Fandi Titianus artifex.

« Voici les Apologues que t’envoie, des bords du Rhin, Ausone, Italien par le nom, précepteur de ton Auguste ; ce sont des trimètres ésopiques, traduits d’un style simple et arrangés en humble prose par Titianus, l’artisan de discours[2]. »

Ces apologues en vers ïambiques trimètres que Titianus a traduits, suivant Ausone, sont incontestablement, et de l’aveu même de Cannegieter, ceux de Babrius[2]. Si donc Titianus, sans composer lui-même de nouveaux apologues, n’a fait simplement que traduire en latin et en prose les vers grecs de Babrius, n’est-il pas évident qu’A-

  1. Traduction de M. Corpet.
  2. a et b Il existe encore un recueil de fables d’Ésope, dont chacune est renforcée dans quatre vers ïambiques trimètres, ou de six pieds, qui porte le nom de Gabrias ; mais ces fables ne sont véritablement qu’un abrégé de celles écrites par cet auteur, comme le dit avec raison, M. Valkenaër dans son Étude sur les fabulistes, qui précède l’édition de la Fontaine donnée en 1827, par M. Lefèvre, en 2 vol. in-8o.