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LIVRE IV. 87

FABLE XXIII

SIMONIDE PRÉSERVÉ PAR LES DIEUX

J’ai dit plus haut combien les lettres avaient de prix parmi nous autres mortels : je vais maintenant parler des honneurs que leur rendent les dieux eux-mêmes.

Simonide, le poète que j'ai déjà cité, était convenu d’une certaine somme, pour composer l’éloge d’un athlète vainqueur au pugilat. Il alla rêver dans la solitude ; mais le sujet, étroit et resserré, gênant son génie, il usa des licences poétiques, et fit entrer dans son poème les deux astres, fils jumeaux de Léda, pour relever par ce parallèle la gloire de son héros. L’ouvrage fut approuvé, mais le prix réduit au tiers de la somme convenue. Comme il demandait le reste, l’athlète lui répondit : « Demandez-le à ceux qui font les deux tiers du morceau. Au reste, pour me prouver que vous n’êtes pas mécontent, promettez-moi de souper avec moi : je veux avoir aujourd’hui mes parents, et je vous regarde comme du nombre.» Quoique trompé, et blessé d’une telle

FABULA XXIII

SIUONIDES A DUS SERVATUS

Quantum valerent in ter homines litterae Dixi superius : quantus nunc illis honos A Superis sit tributus, tradam mémorise.

Simonides idem ille, de quo retuli, Victori laudem quidam pyctaB ut scriberct, Certo conduxit pretio : secretum petit. Exigua quum frenaret materia impetum, Usus poetae, ut moris e^t, licentia, Atque interposuit gemina Led» sidéra, Anctoritatem similis referens glorise. Opus approbavit ; sed mercedis tertiam Accepit partem. Quum reliquum posceret : Illi, inquit, reddent, quorum sunt laudes dus. Verum, ut ne irate dimisBum te sentiam, Ad cœnam mihi promilte, cognalos volo Hodie invitare, quorum es in numéro miiif. Fraudatus qoamvis, et dolens injuria,