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86 PHÈDRE, FABLES.

sition à la mienne ? Dans les sacrifices, je goûte la première les entrailles des victimes ; je m’arrête sur les autels, et je parcours tous les temples. Je me pose sur le front des rois, et, quand il me plaît, je cueille un baiser sur la bouche la plus chaste : je ne fais rien et je jouis de tout. Est-il dans ton existence quelque chose à comparer, campagnarde ? — Sans doute, dit la Fourmi, il est glorieux de siéger au banquet des dieux, mais comme convive, et non comme parasite. Tu habites les autels ; mais, dès que l'on t’y aperçoit, on te chasse. Tu parles de rois, de baisers surpris aux dames : folle ! tu te vantes de ce que, par pudeur, tu devrais cacher. Tu ne fais rien ; aussi, venu le besoin, tu n’as rien. Tandis que j’amasse avec ardeur du grain pour mon hiver ; je te vois, le long des murs, te nourrir de viles ordures. L’été, tu m’étourdis ; pourquoi te tais-tu donc l’hiver ? Lorsque le froid te saisit et te tue, je rentre saine et sauve dans ma demeure, où est l’abondance. En voilà assez, je crois, pour rabattre ton orgueil.»

Cette fable nous apprend à connaître deux caractères différents : l’homme qui fait parade de faux avantages, et celui dont la vertu brille d’un solide éclat.

Ubi immolalur, exta praegusto Deum, Moror inter aras, lempla perluslro omnia ; In capite régis sedeo, quum visum est mihi, Et matronarum casta delibo oscula : Laboro nihil, atque optimis rébus fruor. Quid horum simile tibi conlingit, rustica ?-* Est gloriosus sane conviclus Deum, Sed illi qui invilalur, non qui invisus est. Aras fréquentas : nempe abigeris, quo venis. Reges commémoras et matronarum oscula ; Super etiam jactas, tegere quod débet pudor. Nihil laboras : ideo, quum opus est, ml habcs. Ego granum in hiemem quum studiose conger Te circa murum video pascl stercore. iEstate me lacessis ; quum bruma est, siles Mori contractam quum te cogunt frigora, Me copiosa recipit incolumem domus. Satis profecto retudi superbiam.

Fabella lalis hominum discernit notas, Eorum qui se falsis ornant laudibus, ^l quorum virtus exhibet solidum decus,