Page:Phèdre - Fables, trad. Panckoucke, 1864.djvu/117

Cette page n’a pas encore été corrigée

LIVRE IV. 69

Un homme, en mourant, laissa trois filles ; l'une était belle, et ses yeux attiraient les hommes ; la seconde, entendue au ménage, aux ouvrages de laine et aux travaux de la campagne ; la troisième, très-laide et aimant à boire. Leur mère avait reçu l’héritage du vieillard, à la charge de partager également toute sa fortune entre ses trois filles, de manière cependant, qu’elles ne pourraient avoir ces biens ni en propriété ni en usufruit, et que, de plus, elles devraient compter cent sesterces à leur mère, dès qu’elles cesseraient d’avoir ce qu’elles auraient reçu.

Athènes s’émeut de ce testament ; la mère s’empresse de consulter les juristes ; mais nul ne comprend comment ces jeunes filles ne pourraient avoir ni la jouissance, ni la propriété des biens qu’elles auraient reçus, et ensuite comment, s’il ne leur reste plus rien, elles payeront à leur mère la somme exigée. Bien du temps s’écoule sans que le testament soit mieux compris. La mère alors laisse les jurisconsultes, et ne consulte que la bonne foi ; elle met à part, pour la coquette, tout l’attirail féminin, les robes, les services de bain en argent, les eunuques et les jeunes esclaves ; pour la seconde, qui aime les champs, la maison de

Quidam decedens très reliquit filias ; Unam formosam, et oculis venantem viros ; At alleram lanificam et frugi, rusticam ; Devotum vino terliam, et turpissimam. Harum autem malrem fecit heredem senex, Sub conditione, totam ut fortunam tribus ^qualiter distribuât, sed tali modo : Ne data possideant, aut fruantur ; tum, simul Habere res desierint quas acceperint, Geotena matri conférant sestertia.

Athenas rumor implet. Mater sedula Juris peritos consulit ; nemo expedit, Quo pacto nou possideant, quod fuerit datum, Fructumve capiant : deinde, qusB tulerint niliil, Quanam ratione conférant pecuniam. Postquam consumpta est temporis longi mora, Nec testamenti poluit sensus coUigi, Fidem advocavit, jure neglccto, purens. Seponit mœchœ vestem, mundum muliebrem, Lavationem argenteam, eunucbos, glabros : Lanificse agellos, pecora, villam, operarîo^.