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LIVRE III. 51

rais noir ou blanc ? et, quand elle l’aurait su, elle n’e m’a point rendu un si grand service en me donnant le jour, puisque je suis un bélier, attendant à chaque instant le couteau du boucher. Lorsque ma mère a conçu, sa volonté n’y était pour rien ; pourquoi la préférer à celle qui a eu pitié de moi et qui m’accorde bénévolement des soins si touchants ? C’est l'affection qui fait la parenté et non la loi de la nature.»

L’auteur a voulu démontrer dans ces vers que les hommes qui résistent aux lois cèdent aux bienfaits.

FABLE XVI

LA CIGALE ET LE HIBOU

Celui qui ne sait point se plier à la complaisance est presque toujours puni de son orgueil. Une Cigale, de ses cris aigres, étourdissait un Hibou, accoutumé à poursuivre sa proie dans les ténèbres et à se reposer le jour dans le creux d’un arbre. Il la supplia de se taire ; elle de crier

Unde illa scivit, niger an albus nascerer ? Age porro, scissct : quum crearet masculus, Beneficium magnum sanc natali dédit, Ut exspectarem lanium in horas singulas ! Cujus potestas nuUa in gignendo fuit, Cur hac sit potior, qu» jacentis miserita est, Dulcemque sponte praestat bencvolentiam ? Facit parentes bonitas, non nécessitas.

His demonstrare voluit auctor vcrsibus, Obsistere homines legibus, meritis capi :

FABULA XYI

CICADA ET ROCTDA

Humanitati qui se non accommodât, Plerumque pœnas oppetit superbi».

Cicada acurbum Noctuae convicium Faciebat, soliUB viclum in tencbris quaercre, Cavoque ramo capere somnum interdiu. Rogata est, ut taceret. Multo validiu»