dO PHÈDRE, FABLES.
sage victorieux lui dit alors : « Tu rompras bien vite un arc, si tu le tiens toujours tendu ; mais, détends-le et tu pourras t’en servir quand tu voudras. » Ainsi, l'on doit parfois reposer l'esprit pour donner ensuite plus de nerf aux pensées.
FABLE XV
LE CHIEN ET L'AGNEAU
Un Chien entendit bêler un Agneau parmi des chèvres : « Pauvre bête ! lui dit-il, tu te trompes, ta mère n’est pas ici ;» et il lui montra un troupeau de brebis paissant à l’écart, « Je ne cherche point, répondit l’Agneau, celle qui conçoit quand il lui plaît, qui porte pendant certains mois un fardeau qu’elle ne connaît pas, et s’en débarrasse ensuite en le déposant à terre ; mais je cherche celle qui me nourrit en m’offrant ses mamelles, et qui, pour m’élever, dérobe à ses enfants une partie de leur lait. — Cependant tu dois préférer celle qui t’a donné le jour. — Non, certes, répondit l’Agneau ; savait-elle seulement si je naî-
Novissime succumbit. Tum victor sophus :
Cito rumpes arcum, semper si tensum habueris ;
At si laxaris, quum voles, erit ulilis.
Sic ludus animo débet aliquando dari, Ad cogitandum melior ut redeat tibi.
FABULA XV
CANIS AD AGNUU
luter capelias Agno balanti Canis :
Stulte, inquit, erras, non est hic mater tua :
Ovesque segregatas ostendit procul.
Non illam quœro, quae, quum libitum est, concipit,
Dein portai onus ignotum certis mensibus,
Novissime prolapsam effundit sareinam ;
Verum illam, quae me nutrit admoto ubere,
Fraudatque uatos lacté, ne desit mihi.
Tamen ilia est potior qua te peperit. Non ita est.