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notice sur madame ida pfeiffer.

nobles sentiments qui distinguent cette femme honorable à tous égards. Son style est simple et naturel. Elle raconte sans emphase ce qu’elle a vu, et, loin d’imiter beaucoup de voyageurs qui laissent le champ libre à leur imagination trop brillante, elle ne prend pour guide que la vérité, et retrace fidèlement ses impressions sans jamais charger les couleurs de ses tableaux. Aussi les suffrages du monde savant et lettré ne lui ont-ils pas manqué, et nous citerons comme l’un des plus précieux la lettre suivante de M. Alexandre de Humboldt :

Je prie ardemment tous ceux qui en différentes régions de la terre ont conservé quelque souvenir de mon nom et de la bienveillance pour mes travaux, d’accueillir avec un vif intérêt et d’aider de leurs conseils le porteur de ces lignes,


Madame Ida Pfeiffer,

célèbre non-seulement par la noble et courageuse confiance qui l’a conduite, au milieu de tant de dangers et de privations, deux fois autour du globe, mais surtout par l’aimable simplicité et la modestie qui règne dans ses ouvrages, par la rectitude et la philanthropie de ses jugements, par l’indépendance et la délicatesse de ses sentiments. Jouissant de la confiance et de l’amitié de cette dame respectable, j’admire et je blâme à la fois cette force de caractère qu’elle a déployée partout où l’appelle, je devrais dire où l’entraîne son invincible goût d’exploration de la nature et des mœurs dans les différentes races humaines. Voyageur le plus chargé d’années, j’ai désiré donner à Mme Ida Pfeiffer ce faible témoignage de ma haute et respectueuse estime.

Potsdam, au château de la ville, le 8 juin 1856.

Signé : Alexandre de Humboldt.

À ces paroles si bien senties du doyen des savants de l’Europe, nous ajouterons seulement quelques lignes d’une lettre adressée par Mme Pfeiffer à un de ses amis. Elles serviront à rectifier l’idée qu’on s’est faite à tort de son caractère viril :

« Je souris, dit-elle, en songeant à tous ceux qui, ne me connaissant que par mes voyages, s’imaginent que je dois ressembler plus à un homme qu’à une femme. Combien ils me jugent mal ! Vous qui me connaissez, vous savez bien que ceux qui s’attendent à me voir avec six pieds de haut, des manières hardies, et le pistolet à la ceinture, trouveront en moi une femme aussi paisible et aussi réservée que la plupart de celles qui n’ont jamais mis le pied hors de leur village ! »