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notice sur madame ida pfeiffer.

pagnés de vent et de pluie, que l’âpreté de l’air et la rigueur du froid qui glaçait cette île. »

Mais ces deux excursions au nord et au midi n’étaient que des parties de plaisir, comparées au long voyage que Mme Pfeiffer allait entreprendre. Petite de taille, mais douée d’une complexion robuste, d’une force morale à toute épreuve, elle quitta Vienne le 1er mai 1846 pour faire son premier voyage autour du monde.

Partie de Hambourg sur un navire danois qui se rendait directement au Brésil, elle aborde à Rio-Janeiro, dont elle décrit la rade sans pareille ; puis elle franchit le cap Horn, touche à Valparaiso, et fait voile vers Canton en relâchant à Taïti. La Chine n’est pour elle qu’une étape sur la route de Ceylan, de Madras, de Calcutta ; mais le luxe et les mœurs de l’Angleterre, qu’elle retrouve dans ces cités opulentes, ont peu de séductions pour Mme Pfeiffer. Elle s’embarque sur un bateau à vapeur qui la conduit par le Gange à Bénarès, l’Athènes de l’Inde, d’où elle gagne Delhi, l’ancienne capitale de l’empire mogol. De là, une charrette à bœufs la conduit à Bombay, sur les côtes de la mer d’Arabie, qui forme le golfe Persique. Mme Pfeiffer, bien entendu, pénétrera dans le golfe, remontera le Tigre, et visitera Bagdad, la ville des califes ; une mule se chargera de la transporter de Bagdad à Mossoul, au milieu des ruines de l’ancienne Ninive.

De Mossoul à Tauris, la seconde ville de Perse, il n’y a qu’un pas, trois ou quatre cents lieues. Mme Pfeiffer fut reçue très-gracieusement à Tauris, par le vice-roi, héritier du trône de Perse ; mais il n’en fut pas de même aux frontières de l’empire russe, où elle se réjouissait de retrouver une terre civilisée. Elle avait compté sans les bureaux de douanes, sans les stations de poste, sans les formalités infinies du passe-port. Aussi s’écrie-t-elle dans son désespoir :

« Oh ! mes bons Arabes ! Oh ! Turcs, Persans, Hindous, j’ai traversé paisiblement vos contrées. Qui m’aurait dit que je rencontrerais tant d’obstacles sur cette terre chrétienne ? »

Quoi qu’il en soit, Mme Pfeiffer entrait saine et sauve à Vienne, dans le cours de 1848. L’intéressant récit de ses aventures parut deux ans plus tard[1].

  1. Frauenfahrt um die Welt (Voyage d’une femme autour du monde) Vienne 1850, 3 vol. — La traduction de ce premier voyage est sous presse.