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notice sur madame ida pfeiffer.

pics, les précipices ouvrir leurs gouffres béants, rien, pas même la menace d’une mort presque certaine, ne la fait reculer, et, grâce à sa persévérance inouïe et à son étoile, elle sait toujours se frayer un chemin pour parvenir à son but !

Dès l’âge le plus tendre, nous dit M. Depping, Mme Pfeiffer a été piquée de la tarentule. Enfant, elle s’échappait pour voir les chaises de poste ; elle enviait le sort du postillon et le suivait des yeux jusqu’à ce qu’il eût disparu dans un nuage de poussière. L’horizon de la jeune fille s’agrandit bientôt, car les relations de voyages qu’elle lisait, ou plutôt qu’elle dévorait, lui avaient montré l’Océan, des vaisseaux flottants, et le monde dont ils faisaient le tour. La vue des montagnes qui se perdaient dans le lointain lui arrachait des larmes ; c’est elle qui le dit dans la préface d’un de ses ouvrages. Femme, son plus grand bonheur était d’accompagner son mari dans de longues excursions. Restée seule après la mort de M. Pfeiffer et l’établissement de ses enfants, elle n’eut plus d’autre pensée que de transformer en réalité les rêves de toute sa vie. Elle pouvait disposer d’une petite somme, fruit de vingt ans d’économie, et nous la voyons, en 1842, à l’âge de quarante-sept ans, commencer le cours de ses longs voyages.

« Née à la fin du dernier siècle, dit-elle, je pouvais voyager seule. »

Elle partit pour la Terre sainte dans un véritable ravissement. Sans guide, elle traversa les deux Turquies, la Palestine et l’Égypte[1]. « Et voyez, ajoute-t-elle : j’en suis revenue. »

Mais ce ne fut pas pour longtemps. Des plages brûlantes de la Syrie, elle passa par une transition assez brusque dans les régions glacées du Nord, visita la Suède, la Norvège, la Laponie et même l’Islande, pays sur lesquels elle a publié de curieux détails[2].

« Les voyages en Islande, dit Mme Pfeiffer, sont beaucoup plus pénibles qu’en Orient. Je supportais plus aisément la chaleur excessive de la Syrie que ces affreux ouragans accom-

  1. Elle a publié la relation de ce voyage sous le titre : Reise einer Wienerin in das heilige Land (Voyage d’une Viennoise dans la Terre sainte). Vienne 1844, 2 vol., 4e édition, 1856.
  2. Reise nach dem scandinavischen Norden und der Insel Island im Iahr 1845 (Voyage au nord de la Scandinavie et en Islande, dans le cours de l’année 1845), Pesth, 1846, 2 vol., 2e édition, 1855.