Page:Pfeiffer - Mon second voyage autour du monde, 1857.djvu/48

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tements blancs et passaient un mouchoir de tête blanc par-dessus la coiffe de couleur qu’ils portent d’ordinaire. Ils se jetèrent d’abord à plusieurs reprises la face contre terre ; ensuite ils s’assirent en rangs ; le grand prêtre prit place devant eux et récita deux prières. Après la première, les hommes baisèrent la main du prêtre ; après la deuxième, ils la lui serrèrent. Un chantre, placé au fond du temple, se mit alors à entonner de toute la force de ses poumons un chant auquel les hommes se joignirent en chœur. Fendant ensuite la foule assemblée, il arriva au pied d’une petite chaire et se mit à hurler un chant tout seul. Après cela, le pontife monta en chaire, et récita avec le chantre, moitié chantant, moitié parlant, pendant deux grandes heures, des prières du Coran, ce qui mit fin à la cérémonie.

J’avais eu d’abord l’intention de ne rester que peu de temps dans la ville du Cap, mais de faire une excursion. dans le cœur du pays, et de m’avancer, s’il était possible, jusqu’aux mers intérieures. On m’assura généralement que, comme femme, je n’aurais pas grand’chose à craindre de la part des indigènes, et que les vignerons et propriétaires fonciers, qui ne brillent pas précisément par leur complaisance, me laisseraient, comme Allemande, suivre paisiblement ma route : ils ne sont désobligeants qu’envers les Anglais, à qui ils cherchent à rendre l’entrée dans leur pays aussi difficile que possible. La guerre entre les Anglais et les Cafres ne m’aurait pas, non plus, suscité des entraves, puisque je n’avais pas besoin de mettre le pied sur le théâtre de la guerre ; mais quand je m’informai des frais que nécessiterait ce voyage, je les trouvai bien au-dessus de mon budget, et il me fallut renoncer à mon beau projet.

Je crois qu’il n’y a pas de pays au monde où l’on voyage d’une manière aussi dispendieuse et en même temps aussi lente qu’au Cap. Il faut se procurer une voiture longue, couverte de toile ou de nattes, et cinq ou six paires de