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mon second voyage

Il y a peu d’années, le brigandage se pratiquait sur une bien plus vaste échelle. Des bandes de trente à quarante hommes à pied ou à cheval arrivaient le soir devant une maison, dans une rue peu fréquentée. La moitié se plaçait en observation devant la maison. Les autres y entraient en ayant soin de fermer bien vite la porte, et engageaient poliment les habitants effrayés à ne point se déranger, mais à leur donner toutes les clefs, ajoutant qu’ils sauraient bien trouver tout seuls ce qu’il leur fallait. Avant que la vue des bandits postés devant la maison eût donné l’éveil aux voisins et aux passants, et qu’un secours armé fût arrivé, les vautours s’étaient depuis longtemps envolés avec leur proie.

Sur la route très fréquentée de Lima à Chorillos (2 leguas) circulent constamment des patrouilles à cheval, ce qui n’empêche pas qu’un cavalier ne coure du danger à se trouver seul dans la rue après six heures.

La cavalerie péruvienne, composée en grande partie de nègres, n’a pas une grande réputation de bravoure. On estime bien plus l’infanterie, formée presque entièrement des Indiens de la montagne. Ces hommes, qu’on dépeint comme braves et persévérants, qui supportent longtemps et facilement la faim et les fatigues, sont rangés au nombre des meilleures troupes du monde. Les soldats faisant le service ordinaire n’ont une tenue très brillante ni un aspect très guerrier ; s’ils n’avaient pas l’épée au côté, on aurait de la peine à les distinguer des journaliers. Dans les parades, au contraire, les militaires, surtout la cavalerie, ont bien bonne mine : ils portent des uniformes en toile blanche ; leurs chevaux sont jolis et bien harnachés.

M. le consul Rodewald, non content de me rendre dans sa maison la vie aussi agréable que possible, eut encore la complaisance d’organiser une petite excursion pour me montrer les bains de Chorillos et les ruines du temple péruvien du Soleil, situées à quatre leguas de Chorillos,