Page:Pfeiffer - Mon second voyage autour du monde, 1857.djvu/443

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
431
autour du monde.

vaient pas vu d’exemples. À Lima, il ne pleut jamais l’été, il tombe très rarement de l’eau dans la saison qu’on appelle l’hiver, et cette pluie ressemble à un brouillard humide qui mouille à peine les pierres. Quant aux orages accompagnés de tonnerre, il n’y en a jamais en deçà des Cordillières.

Quoique Lima ne soit qu’à 12 degrés au sud de l’équateur, la chaleur n’y est jamais étouffante. Bien que nous fussions au milieu de l’été[1], je ne trouvai jamais au thermomètre de ma chambre plus de 20 degrés Réaumur. On attribue ce climat tempéré aux courants d’air des Cordillières, éloignées seulement de 28 leguas de la ville, et qui sont couvertes d’une neige éternelle. Le pays souffre souvent de tremblements de terre, et pendant un séjour de cinq semaines j’en ressentis trois. Le premier fut très considérable, mais ne causa pas de dommages ; lors du second, on entendit un grand bruit souterrain, semblable au tonnerre, qui dura à peu près quarante secondes ; le troisième ne se manifesta que par quelques secousses très faibles. À chaque tremblement de terre, le peuple se précipite dans les rues, se prosterne en se frappant la poitrine et en criant : Misericordia ! On sonne en même temps toutes les cloches de la ville.

Un grand désagrément de Lima est le peu de sûreté qu’on y trouve contre le brigandage. Vers les six heures de l’après-midi ; quand le jour baisse à peine, on ne peut se hasarder à sortir seul en dehors des portes de la ville, ni se risquer à aller à l’Alameda ou à quelque autre endroit solitaire. On est attaqué et dépouillé, fût-on même à cheval. Pour pénétrer dans les maisons, ce qui toutefois arrive peu fréquemment, les voleurs n’entrent pas seulement par les croisées et par les portes, mais ils escaladent les terrasses, formées le plus souvent d’un léger plafond de roseaux, y font une petite ouverture et se glissent ainsi dans la chambre.

  1. Les saisons de l’autre hémisphère, notamment celles de la partie septentrionale, sont l’opposé des nôtres.