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mon second voyage

Les dames de Lima jouissent de la réputation de savoir faire ressortir leurs charmes par une toilette de beaucoup de goût et de très grand prix. Leur marche, leurs poses et leurs manières passent pour gracieuses. J’ai déjà fait remarquer qu’elles ont des mains et des pieds excessivement petits et mignons, qu’elles ne portent que des bas de soie et les souliers les plus étroits que l’on puisse voir. La nature les a douées aussi de beaucoup d’intelligence, d’un esprit naturel remarquable et de divers talents, surtout de grandes dispositions pour la musique. Malheureusement elles mettent, dit-on, peu de persévérance à développer ces dons de la nature.

Moi-même je ne puis pas porter de jugement à cet égard ; car je ne restai pas assez longtemps à Lima pour pouvoir être introduite dans plusieurs des anciennes maisons espagnoles. D’ailleurs, l’accès n’est pas très facile à obtenir pour les étrangers. Ce n’est qu’au théâtre, en allant entendre la célèbre cantatrice Fr. Hayes, le ténor non moins estimé M. Mengis, et un violoniste distingué, M. Hauser, que je vis dans les loges une partie de la société élégante, et que je trouvai confirmé tout ce que les messieurs m’avaient dit de la beauté et de la grâce des dames.

Il y a peu d’années encore, les dames, pour aller dans la rue ou se rendre à l’église, avaient un costume particulier, composé de la saya, longue robe de dessus en soie noire, et de la mante (manto), qui enveloppait le corps depuis les hanches jusque par-dessus la tête, et ne permettait de voir que d’un seul œil. Ainsi vêtue la femme ne devait pas être reconnue de son mari, même quand elle passait à côté de lui ! Aujourd’hui, ce costume a

    blancs s’appellent anciens Espagnols. Ils désirent beaucoup être regardés comme appartenant à cette race. On appelle créoles ceux qui sont de vrais Européens.