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mon second voyage

cependant ils n’étaient pas contents. Et pourquoi ? me demanderez-vous. C’est qu’ils étaient obligés de travailler comme dans leur pays. Et chez eux, cependant, tout en travaillant beaucoup, ils ne pouvaient se procurer cette excellente nourriture. Que de fois n’avaient-ils pas même assez de pommes de terre ou de mauvais pain pour apaiser leur faim !

Avant d’entrer à Lima, la capitale du Pérou, on me permettra de faire connaître ce pays en peu de mots.

On compte au Pérou, sur 2 300 milles carrés, une population de 2 150 000 âmes ; il est divisé en onze départements qui se subdivisent en soixante-trois provinces. Les revenus de l’État sont évalués à dix millions de dollars, que les dépenses absorbent. La dette publique est d’environ soixante millions de dollars. On n’applique qu’une très faible partie des revenus à l’amortissement de cette dette.

Le pouvoir législatif est entre les mains du congrès, qui s’assemble tous les deux ans à Lima, et qui se compose de deux chambres : la chambre des sénateurs ; au nombre de vingt et un, et celle des députés, au nombre de quatre-vingt-un.

Le pouvoir exécutif et le droit de nommer les ministres sont réservés au président, élu pour quatre ans. Le président actuel s’appelle José Rufino Echenique.

Cette forme de gouvernement est en vigueur depuis 1824, époque à laquelle le pays s’est soustrait à la souveraineté espagnole. La forteresse de Callao seule se défendit sous le général Bodin jusqu’au mois de février 1826, et se rendit à des conditions très honorables. Bien que ce général eût fait preuve d’une très grande bravoure, il n’en laissa pas moins une réputation détestable. On attribue sa longue défense à sa cupidité plutôt qu’à sa fidélité et à son attachement à son roi. On l’accuse d’avoir accaparé des provisions énormes de vivres, et, dans les moments de dé-