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autour du monde.

côtes ; de l’autre, des collines et des montagnes ; partout l’image du désert et de la désolation.

16 janvier. Casma, place de débarquement près de la mer, avec quelques misérables huttes couvertes de feuillage et offrant un abri aux passagers qui attendent le vapeur. La ville elle-même est située à 6 milles dans l’intérieur des terres.

Ici se montrent des montagnes plus élevées, mais elles sont également tristes et arides.

Nous ne nous arrêtâmes qu’une heure pour prendre des passagers et des marchandises. Plus nous approchions de Lima, plus le pont prenait l’aspect d’un bivouac. Le nombre des passagers augmentait considérablement, on dressait des tentes supplémentaires ; des caisses, des coffres et des paniers encombraient tout à tel point qu’il restait bien peu de place pour les passagers. Les cabines étaient également pleines à y étouffer. Ce qu’il y avait de plus désagréable, c’est que, malgré un calme plat, le mal de mer faisait plus de victimes que je n’en avais vu nulle part ailleurs.

Les dames et les demoiselles arrivaient à bord en grande toilette ; partout on entendait le frôlement des robes de soie et des beaux crêpes de Chine ; les perles et les pierreries ne manquaient pas non plus ; les servantes elles-mêmes avaient des souliers brodés et des bas de soie. Beaucoup de ces femmes richement parées portaient un petit chapeau de paille rond, comme les hommes, ce qui était affreux. Ce luxe et cet éclat ne faisaient cependant pas beaucoup d’effet : tout était arrangé sans goût, et les couleurs trop tranchées n’allaient pas bien ensemble. Les Péruviennes ont le pied très joli et très bien fait. Elles changent, me disait-on, deux fois par semaine leurs chaussures, et elles ont autant de peine à se chausser que notre monde fashionable à se ganter. Elles renversent l’empeigne de la moitié du soulier, et