Page:Pfeiffer - Mon second voyage autour du monde, 1857.djvu/424

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
412
mon second voyage

grand marché situé près du fleuve. Je fus surprise de l’abondance des provisions qui y étaient étalées. On y voyait des bateaux chargés d’ananas[1] et de fruits, du blé de toute espèce, du riz, du maïs, des légumes, des racines de jam, de la viande, du poisson, de la volaille, des œufs, du chocolat, etc. Tout est ici infiniment meilleur marché qu’à Panama ; cependant on n’y trouve pas non plus de monnaie de cuivre. La plus petite monnaie d’argent est un quarto medio, ou 2 cents et demi ; mais on en voit si peu qu’on pourrait dire qu’elle n’a pas cours.

13 janvier. Vers le soir, nous arrivâmes à Payta (dans le Pérou), triste et misérable hameau. Aussi loin que peut porter la vue, on ne découvre pas un brin d’herbe, et bien moins encore un bosquet ou un arbre. Les quelques maisons ou huttes à toit plat, construites en joncs et cimentées avec de la terre glaise, se distinguent à peine des sables qui les entourent. Le pays est accidenté et généralement sablonneux.

Nous nous y arrêtâmes quelques heures comme à Guayaquil. Le bon capitaine Straham m’emmena partout avec lui à terre. Je n’eus rien de plus pressé que de monter sur quelques collines hautes de 9 à 12 mètres, dans l’espoir de découvrir, au moins dans le lointain, quelque verdure ; mais ce fut en vain. De petits monticules, s’élevant en étages, faisaient partout suite à ce morne et horrible désert. L’eau potable est apportée de 14 millessur des ânes. Le linge à laver est envoyé à d’aussi grandes distances. Pour apercevoir quelque trace de végétation, il faut aller à 21 milles, sur les bords d’un fleuve. Et c’est dans un pareil endroit que des hommes peuvent s’établir !

14 et 15 janvier. Nous vîmes souvent la terre avec le même caractère triste et monotone : d’un côté, de basses

  1. Ces ananas n’ont pas un goût aussi doux et aussi aromatique que ceux de l’archipel des Indes Orientales.