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autour du monde.

Les femmes et les jeunes filles aiment à mettre des fleurs dans leurs cheveux : lorsqu’elles n’ont pas de fleurs fraiches, elles les remplacent par des fleurs artificielles. Hommes et femmes ont une grande passion pour le cigare : on voit des enfants de dix ans le cigare à la bouche. Une particularité assez remarquable, c’est que, lorsqu’ils sont occupés à travailler, ils mettent la partie allumée du cigare dans la bouche : c’est un moyen de le faire durer plus longtemps. Je n’aurais pas fait attention à cette singularité, si le docteur Autenrieth ne me l’eût signalée.

Le divertissement favori du peuple est, dit-on, les combats de coqs : cependant le goût ne m’en parut pas poussé bien loin, puisque je ne vis ni coqs dressés, ni combats.

Des établissements publics de Panama je ne visitai que les hôpitaux : il y en a deux, l’un pour les indigènes, l’autre pour les étrangers. Le premier a été fondé par le gouvernement, et le second par les Européens. L’hôpital des indigènes est au-dessous de toute critique. Il ne se compose, à proprement parler, que d’un long et large corridor, tout ouvert d’un côté, dans lequel l’homme attaqué d’une maladie contagieuse est placé à côté d’un homme légèrement malade. La malpropreté et la misère sont les caractères distinctifs de ce lieu, qui ressemble plutôt à une prison qu’à une maison de santé. Son aspect seul suffirait pour tuer toute autre personne que l’indigène, qui est accoutumé à la plus grande saleté et à la plus profonde misère. Je vis là une douzaine d’hommes qui avaient, la plupart, les yeux malades, des ulcères épouvantables et des maladies de peau. Ils étaient pansés de la manière la plus dégoûtante, et se blottissaient sur un sol non parqueté.

L’hôpital des étrangers offre un tout autre aspect. On n’a employé pour le construire qu’une carcasse de vais-