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mon second voyage

sa construction particulière, et qui attire l’attention de tous les connaisseurs. Sa courbure est si faible, que sur 9 mètres de long il a tout au plus 1 mètre de haut.

Le peuple de Panama est formé du même mélange d’Espagnols, d’Indiens et de nègres, que celui d’Acapulco. Parmi les métis, il y a beaucoup de jolis hommes avec de beaux cheveux, de beaux yeux et de belles dents. On vante aussi leurs petites mains et leurs petits pieds. Ils sont petits, il est vrai, mais rarement beaux : les os ressortent trop, comme chez les Malais ; les formes arrondies manquent, et les doigts sont un peu trop longs. Depuis qu’une si grande foule de voyageurs traverse l’isthme, le peuple réalise des gains si considérables qu’il ne manquerait de rien s’il voulait travailler : mais il est indolent et paresseux comme dans tous les pays chauds ; il préfère la pauvreté et la malpropreté au travail. Sa principale nourriture consiste en riz et en fruits. Il aime beaucoup le porc frais et le bœuf séché. Ce dernier vient surtout de Buenos-Ayres. On le coupe en bandes longues et étroites et on le vend à l’aune.

Le costume du peuple est le costume européen. L’homme porte la culotte et la jaquette, la femme une longue robe traînante, fort échancrés, avec une ou deux garnitures si hautes qu’elles descendent bien au-dessous de la poitrine. Ce costume irait assez bien s’il était propre et soigné ; mais la robe est attachée d’une façon si lâche, qu’elle glisse souvent de dessus une épaule qu’elle laisse à découvert ainsi que la poitrine, tandis qu’elle couvre presque le cou du côté opposé. Les femmes se servent de leurs larges falbalas pour essuyer la sueur de leur figure, se moucher et épousseter partout. Les deux sexes portent de petits chapeaux de paille ronds, posés avec beaucoup de coquetterie. Ils ne vont pas très bien aux femmes, parce qu’ils sont trop petits et tiennent à peine sur leurs nattes.