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autour du monde.

mulets pour le passage de l’isthme. Je descendis aussi de bonne heure, quoique je n’eusse pas l’intention de passer l’isthme ; mais la terre est toujours la terre : on préfère un sol ferme au meilleur navire.

J’eus le bonheur de trouver chez le docteur Autenrieth une réception cordiale.

La première course que je fis fut d’aller à la place, où je trouvai tous les passagers réunis et se préparant à partir. Tout le monde arrivait en hâte ; on se pressait les uns contre les autres ; la place était encombrée de voyageurs, de mulets, de chevaux, de porteurs et de bagages. Les personnes aisées étaient montées sur des chevaux, les petits enfants étaient portés sur les bras, les pauvres suivaient à pied, le bagage était chargé sur des mulets.

La largeur de l’isthme est d’un peu plus de 100 milles ; on en fait 23 sur des mulets, 40 environ en bateau, et le reste par un chemin de fer nouvellement établi. Ce petit voyage, comme tout dans ce pays-là, revient à un prix fort élevé, parce que la grande affluence rend tout très cher. Ainsi, par exemple, le trajet de 3 milles pour aller du vapeur à terre coûtait deux dollars par tête ; il fallait payer un demi-dollar pour se faire porter à terre depuis la chaloupe, qui ne pouvait pas arriver jusqu’au rivage à cause de la marée basse, et autant pour le transport du bagage. C’est encore pis lorsqu’on veut aller à bord d’un vaisseau : on vous demande souvent le double et le triple. C’est un grand tort de la part de l’administration des vapeurs de ne pas prendre des mesures pour faire cesser ce pillage.

La location d’un mulet pour les 23 milles coûtait, parce qu’il n’y avait pas beaucoup de voyageurs, dix-huit écus : quand les voyageurs sont plus nombreux, elle coûte jusqu’à vingt écus et plus. Une place sur le bateau coûte cinq écus, le chemin de fer perçoit huit écus, le bagage est coté à vingt cents par livre, si bien