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et je dois dire encore une fois que ces messieurs étaient en général très polis et très complaisants envers les personnes de mon sexe. Dans aucun pays je ne vis rien de semblable. Les hommes du peuple, les enfants de dix ans, se conduisaient comme l’Européen le mieux élevé. Tout se faisait de la manière la plus convenable. Personne ne venait au salon avec un cigare allumé, ne mâchait du tabac ni ne crachait par terre ; nul ne donnait le moindre sujet de plainte. Cette conduite me surprenait d’autant plus que l’on ne peut pas trouver de société plus mélangée que celle des voyageurs qui vont en Californie ou qui en reviennent. C’était surtout à table qu’on pouvait facilement remarquer ce mélange. Le mineur enrichi, l’artisan, le mercier étaient assis à côté du négociant et du spéculateur en grand. Ces hommes mettaient leurs coudes sur la table au dessert, portaient aux plats des mains qu’on aurait reconnues à cent pas pour être habituées à manier seulement la pelle et la pioche. J’avoue franchement que je me trouvais beaucoup plus à l’aise que sur les bateaux anglais qui vont d’Europe aux Indes, et où il y avait dans les premières un luxe de toilette plus grand encore que celui des dames dans les petits voyages de San-Francisco à Sacramento et à Mary’s-Ville, si bien qu’on se fût dit absolument au bal. Ici, les dames étaient convenablement mais simplement mises. L’Américain ne fait pas encore attention si l’on mange avec sa fourchette ou avec son couteau, si on s’assied, si on marche, si on se tient autrement que lui. Il n’a pas ce travers et cette petitesse de l’Anglais, qui regarde comme grossière et mal élevée une personne qui ne fait pas tout absolument comme lui.

23 décembre. Nous entrâmes dans la jolie baie d’Acapulco. Les montagnes qui l’entourent ne sont ni élevées, ni couvertes d’une aussi riche verdure que dans l’archipel Indien ; mais elles sont magnifiques en comparaison des dunes de sable désertes de la Californie. Le cocotier au