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mon second voyage

quelques centaines de petites maisons, dont la plupart sont nouvellement construites et habitées par des colons établis là depuis peu.

Nous poussâmes 4 milles plus loin, jusqu’à la grande ferme de M. Vischer. Cette ferme a 750 acres, et serait certainement comptée chez nous parmi les plus grandes. Ici, on ne la met pas tout à fait au nombre des petites ; mais il y a des propriétaires qui remontent au temps du gouvernement mexicain, où le sol n’avait pour ainsi dire pas de valeur, et qui ont des terrains de 7 à 10 leguas[1] de long, sur 4 ou 6 de large. Le prix de ces propriétés augmente de jour en jour : des propriétaires, dont la terre valait à peine 50 000 dollars avant la découverte des mines d’or, sont aujourd’hui millionnaires. Ce qui élève beaucoup le prix des propriétés, c’est que le possesseur doit faire enclore son terrain, et cela, pour deux raisons : la première, c’est que tous les bestiaux, les chevaux, les mulets, les porcs, peuvent paître dans les endroits qui ne sont pas clos ; la seconde, c’est que les nouveaux colons peuvent bâtir des tentes ou des maisons, et faire des plantations dans les terres ouvertes sans demander la permission à personne. Le propriétaire, d’après les lois américaines, n’a pas le droit de faire sortir les intrus de sa propriété si elle n’était pas close, et, même quand il la fait entourer plus tard, l’expulsion est très difficile, et ne s’exécute souvent qu’après des procès dispendieux, ou par la violence. Dans plusieurs endroits on se frappait et on se tirait des coups de fusil comme à la guerre. On ne peut se faire une idée de l’arbitraire et des violences des colons : plusieurs poussent la licence au point de prendre possession des huttes et des maisons qu’on cesse un moment d’occuper.

Ces enclos coûtent beaucoup dans un pays où la main-

  1. Une legua équivaut à trois milles anglais.