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autour du monde.

pour cultiver la terre que pour chercher de l’or. Les farmers peuvent, avec un peu de persévérance et d’industrie, se faire, au bout de quelque temps, une vie douce et agréable. Parmi les chercheurs d’or, au contraire, un petit nombre seulement s’enrichit, et l’on petit dire de presque tous : aussitôt riche, aussitôt pauvre.

Au bout de quatre jours, le 10 novembre, je terminai mon excursion et revins à Crescent-City, plaignant amèrement le sort du malheureux Indien qu’on dépouille. Il faut avouer que le gouvernement s’occupe des Indiens ; mais son soin principal est de les repousser dans des contrées éloignées, de leur donner quelques dédommagements pour leurs terres, et de recommander aux colons de les bien traiter. Chaque année, on envoie des commissaires dans leurs nouveaux établissements, pour leur apporter quelques présents et s’assurer qu’ils ne meurent pas de faim. Mais la grande faute du gouvernement c’est sa trop grande indulgence pour les colons, grossiers pour la plupart, moins bons que les sauvages eux-mêmes, et qui ne savent qu’abuser de cette indulgence. Tant qu’il n’y aura pas plus de tribunaux dans le pays, que l’indigène ne pourra pas s’y faire entendre facilement, et que les colons seront traités avec aussi peu de sévérité, le pauvre Indien sera toujours le jouet de l’orgueil des blancs.

Je trouvai le pays, comme je l’ai déjà dit, non-seulement fertile, mais aussi pittoresque. La belle chaîne du Siskiyon, située à l’ouest de Mary’s-Ville, s’étend jusqu’ici, forme plusieurs petites chaînes, et est coupée de vallées fertiles et de plaines. Les sommets les plus élevés étaient, à cette époque de l’année, couverts de neige, la première que j’eusse vue depuis que j’avais quitté mon pays.

En arrivant à Crescent-City, je trouvai le bateau à vapeur, avec lequel j’avais fait le trajet de San-Francisco,